Interview de Mme Colette BRAECKMAN, journaliste au journal Le Soir.
Lors de son récent passage à Kinshasa pour présenter son dernier ouvrage intitulé "Mes carnets noirs", Colette Braeckman, journaliste emblématique du journal Le Soir et spécialiste reconnue de l'Afrique et de la RDC, a offert une opportunité rare et précieuse. Accompagnée de son éditeur, Olivier Weyrich, elle s'est prêtée au jeu de l'interview, non pas en tant qu'intervieweuse – rôle qui a largement contribué à sa renommée en Belgique –, mais en tant qu'invitée. Ce moment singulier a été capturé par M. Charly Mabilama, responsable communication de la Délégation Wallonie-Bruxelles en RDC, qui a eu l'honneur et le défi d'inverser les rôles avec celle qui est habituellement de l'autre côté du micro. L'entretien qui a suivi a permis d'éclairer les réflexions et les expériences de Mme Braeckman, offrant ainsi un aperçu unique de son travail et de sa vision de la RDC.
Pourriez-vous vous présenter brièvement ?
« Je m'appelle Colette Braeckman, journaliste au journal Le Soir depuis les années 70. Mon intérêt pour l'Afrique, et particulièrement pour le Congo, s'est éveillé dans les années 80. Depuis, j'ai suivi de près les nombreuses évolutions du pays ».
En tant que témoin de nombreux événements en RDC, percevez-vous une évolution ou plutôt une stagnation ?
« Depuis la chute du Maréchal Mobutu, j'ai assisté à de nombreux événements clés en RDC, comme l'enterrement de Laurent-Désiré Kabila et les élections récentes. Ce qui m'a marquée, c'est l'engagement politique des Congolais, leur amour pour leur pays et leur participation active aux élections. Il y a eu des avancées, mais la répartition des richesses demeure inégale, rappelant l'époque de Mobutu, avec une grande disparité entre les dirigeants et le peuple ».
Quel est votre regard sur la situation actuelle en RDC après avoir couvert divers sujets ?
« J'ai traité de nombreux sujets sur la RDC, allant des enjeux économiques à la politique, notamment lors des dernières élections. Ce qui me préoccupe, c'est le sort de la population. Récemment à Goma, j'ai visité des camps de réfugiés et vu les conditions difficiles des personnes déplacées. Ces visites renforcent mon sentiment de révolte face à ces injustices qui ne devraient plus exister ».
Comment analysez-vous l'évolution politique et sociale de la RDC ?
« Mon contact avec la population me révèle une forte politisation et une réelle soif de démocratie. Les Congolais sont bien informés, participent massivement aux élections et aspirent à des changements. Malgré des désillusions, il existe une vigilance populaire et une foi dans le système démocratique, signes d'une maturité politique croissante ».
Quelle est votre perspective sur les idées de sécession, en référence à l'histoire de la Belgique et du Katanga ?
« En tant que journaliste belge, mon rôle se limite à témoigner. Je constate un écart entre les dirigeants et la population, mais les progrès doivent venir des Congolais eux-mêmes. La volonté d'éducation et de sacrifice pour l'avenir des enfants témoigne d'une foi profonde dans l'avenir du pays, qui est riche en potentiel ».
On vous accuse de ne mettre en avant que les aspects négatifs du Congo. Qu'en dites-vous?
« Bien que le journalisme m'amène souvent dans des contextes de crise, j'ai également célébré de nombreux moments joyeux avec les Congolais, tels que des événements culturels et sportifs. Ces moments de communion et d'appartenance montrent un autre visage du Congo, uni et festif ».
Pensez-vous que vos efforts pour attirer l'attention sur les enjeux du Congo ont été
suffisants ?
« Mon objectif a toujours été d'informer et de sensibiliser sur la situation du peuple congolais, en dénonçant les injustices et en combattant l'indifférence. Le Congo mérite une attention mondiale, non seulement pour ses ressources mais aussi pour la richesse de sa culture et le talent de ses habitants ».
Pourquoi avez-vous choisi de vous concentrer particulièrement sur la RDC ?
« Mon attachement à la RDC est lié à l'histoire entre la Belgique et ce pays. La responsabilité de la Belgique dans l'histoire du Congo, tant positive que négative, nécessite une attention particulière. En tant que journaliste, il est de mon devoir de maintenir la solidarité entre la Belgique et le Congo et de mettre en lumière les impacts de la colonisation sur la société congolaise actuelle ».
AVERTISSEMENT: les opinions exprimées par Colette Braeckman lors de son entretien avec M. Charly Mabilama, notre responsable communication, reflètent ses propres points de vue et analyses, basés sur sa riche expérience en tant que journaliste. Ces propos lui sont personnels et n'engagent en aucun cas la Délégation Wallonie-Bruxelles, la Fédération Wallonie-Bruxelles, ou la Wallonie. Nous apprécions et respectons la liberté d'expression de chacun, tout en affirmant que ces opinions ne représentent pas nos positions officielles.